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Les médicaments dopaminergiques augmentent la volonté de travailler

Updated: Apr 28, 2023


Imaginez que je vous offre votre dessert préféré (ça serait un gâteau au fromage pour moi). En échange, vous devez réciter l'alphabet, soit en commençant par le début, de A à Z, ou à l’envers, en commençant par la fin. Lequel choisiriez-vous ?


Moi, je choisirais de réciter l’alphabet par en avant; c’est plus facile, et c’est le moyen le plus rapide d’obtenir ma récompense (le gâteau au fromage) !


Nous savons que la plupart des gens évitent les tâches difficiles s'ils peuvent obtenir la même récompense en faisant une tâche plus facile. Ça s’appelle la ‘Loi du Moindre Effort’ ¹. Cette tendance est logique, surtout si on considère que nous avons tous une capacité cognitive limitée et que nous devons appliquer cette capacité judicieusement.


La dopamine, une des molécules du cerveau, contribue à gérer ce compromis entre l’effort et la récompense. Elle permet de percevoir la difficulté des tâches qui se présentent à nous et de percevoir le niveau de la récompense offerte. Une dysfonction de la dopamine pourrait entraîner une surcharge de travail, plus que nécessaire pour une tâche (par ex., réciter l'alphabet dans l'ordre inverse dans l'exemple ci-dessus), OU le contraire, ne pas travailler suffisamment même quand c’est nécessaire.


La maladie de Parkinson cause une déficience de dopamine dans le cerveau et la plupart des médications contre la maladie de Parkinson visent à augmenter la dopamine. Les médicaments dopaminergiques pourraient-ils donc influencer la volonté des personnes de s’engager à faire des tâches difficiles?


Pour explorer cette question, nous avons invité des participants à notre laboratoire pour étudier leur volonté de s’engager dans des tâches cognitives. Les participants ont joué à un jeu sur l’ordinateur ou on leur proposait de choisir entre deux tâches. À première vue, ces deux tâches semblaient très similaires et consistaient à identifier des couleurs et à faire des calculs simples. Cependant, sans que les participants ne le sachent, une des tâches était plus difficile que l'autre, c'est-à-dire qu’elle nécessitait un plus grand effort cognitif.


Trente-huit personnes atteintes de la maladie de Parkinson et vingt-quatre personnes sans la maladie de Parkinson (des participants ‘contrôles’) ont participé. Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ont participé deux fois: une fois ‘OFF’ leurs médicaments (ayant arrêté leurs médicaments la nuit précédente), et une fois ‘ON’ leurs médicaments.


Comme prévu, les participants contrôles et les patients qui étaient ‘OFF’ leurs médicaments avaient tendance à choisir la tâche la plus facile, en accord avec la ‘Loi du Moindre Effort’.


Curieusement, on a trouvé que lorsque les personnes atteintes de la maladie de Parkinson étaient testées ‘ON’ (c'est-à-dire après la prise des médicaments dopaminergiques), ils étaient plus disposés à choisir la tâche difficile. Ces résultats sont présentés dans la figure ci-dessous. Ceci est remarquable: même si ce n’était pas nécessaire, et même s'il n’y avait aucune récompense supplémentaire à gagner en choisissant la tâche la plus difficile, les patients ‘ON’ étaient, tout simplement, plus disposés à faire un plus grand effort !


Pourrait-ce être dû au fait que les tâches semblaient plus faciles lorsqu'ils étaient sous traitement ? Ça ne semble pas être le cas car la performance n’était pas meilleure ‘ON’ comparé à ‘OFF’ (donc les mathématiques ne deviennent pas plus facile orsqu’on prend les médicaments dopaminergiques😊). Pourrait-ce être dû au fait qu’on ressent moins la difficulté des tâches lorsqu’on est ‘ON’? Nous avons mené quelques tests pour exclure cette hypothèse aussi.


La grande question que nous nous posons donc est : Comment ces effets de la médication dopaminergique pourraient-ils affecter la vie quotidienne des personnes atteintes de la maladie de Parkinson ? Que se passe-t-il si on choisit de réciter l’alphabet à l’envers même si on obtient le même gâteau que si on le récitait à l’endroit ? Quels pourraient être les désavantages ? D’une part, nous nous demandons si cela pourrait entraîner un épuisement mental, car cela voudrait dire qu’on effectuerait plus de travail cognitif que nécessaire. Et cela pourrait signifier que lorsque le moment est venu d'effectuer un travail mental nécessaire, on aurait déjà épuisé notre réserve. C'est sur ces enjeux-ci que nous nous penchons dans nos prochaines études de recherches.

 

Vous trouverez tous les détails de l’étude dans l’article scientifique joint à ce courriel.


Si vous êtes intéressé.e à participer à nos études de recherche sur LE WEB, ou si vous avez des propos à partager avec nous, n’hésitez par à nous contacter à : madeleine.sharp@mcgill.ca ou sharplab.neuro@mcgill.ca.


Nous avons besoin de toute l’aide possible pour comprendre comment la maladie de Parkinson affecte les gens !!


1: https://psycnet.apa.org/record/1944-00022-000


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